La salle des souvenirs

Nous sommes en septembre. Les cours viennent juste de reprendre, après 2 mois d'ennui dans ce foutu château.
Le repas du soir n'étant pas encore servi, j'avais décidé de partir à la recherche de salles inexplorées. En restait-il encore beaucoup ? Probablement.
Je me promenais donc dans les couloirs, quand j'entendis des rires. Deux filles, que je n'avais pas vues, gloussaient bruyament, de l'autre côté du couloir sombre. N'ayant pas envie de joindre mes talents de dinde aux leurs, je m'éloignai.
J'arrivai à présent devant une porte d'un bois plutôt sombre, très haute. La dorure de la poignée était presque totalement partie. Apparement, cette salle était très fréquentée...
Je poussai donc cette porte. Elle grinça un instant, mais s'ouvrit sans opposer plus de résistance.
La pièce se révéla à moi dans un petit rayon de soleil. Malgré celui-ci, la pièce était terriblement froide. Déja que, dans le château, c'était pas le Sahara...
De grands rideaux ternes étaient figés devant de hautes fenêtres presques propres, comme s'ils étaient morts avec leur fabricant. Fabricant qui ne devait être plus que poussière.
Une cheminée de marbre noir se dressait au milieu du mur de droite, entouré de bibelots en tous genres. Des tasses, des photos qui ne représentaient rien de spécial, des bougies empoussiérées...
Mais surtout, de hauts miroirs avaient été installés sur les murs. Ils étaient propres, malgré les tâches qui signalaient qu'ils dataient un peu.
Je fermai la porte. J'eus un sursaut lorsque je me vis dans le miroir installé derrière elle.

* Mon Dieu. C'est toi, banane ! *


Un petit tableau trônait au-dessus de la cheminée. Il représentait un jeune homme, qui était beau, mais qui avait un visage arrogant. Pas intéressant.

Des panneaux de bois sombre encerclaient (bien que la salle ne soit pas ronde...) la pièce. Ils donnaient une certaine impression de chaleur, bien que le froid fût bien installé. Ce salon devait être bien agréable aux anciens propriétaires, s'ils se retrouvaient, un chocolat chaud à la main, devant la cheminée embrasée d'un haut feu...
Une photo, sur un vieux meuble, attira mon attention. Elle représentait un petit garçon aux cheveux blonds et aux yeux clairs. Il jouait à une balançoire, en souriant de toutes ses dents.
Des rires me firent sursauter. Je me rapellai que c'était probablement les deux dindes qui étaient tout à l'heure dans le couloir. Mais c'était trop tard.
Le cadre de la photographie tombait lamentablement vers le plancher.


* Quelle empotée. Je fais quoi, avec ça ? *

Je ramassai le cadre de la photo, (le verre était cassé) et entreprit de repositionner les morceaux de verre les uns par rapport aux autres.
Tout ce que je réussis à faire, c'était à me couper.

* Yahou. *

Je réfléchis un instant. Je devais faire quoi ? Laisser le carde cassé ici, et faire comme si j'avais rien vu ? Heu... nan.
La curiosité me fit retourner la photo du petit garçon. Le nom "Cameron" était inscrit derrière, en lettres bien formées légèrement inclinées.

* Cameron ? Ainsi donc, tu t'apelles Cameron... Enfin, tu t'apellais. Je suppose... *

Je ramassais les dernires boûts de verre dispersés par terre, quand je vis un petit symbole dans un des panneaux de bois.
M'approchant un peu plus, je pus distinguer un aigle, les ailes ouvertes, le bec vers la droite...
Un peu plus loin, je trouvai un ours, puis ce qui ressemblait à un renard, et enfin, un rat. Des petits fragments de couleurs recouvraient encore certaines de ces figures. Que signifiaient-elles ? Pourquoi étaient-elles poinçonnées sur ces panneaux de bois ? Qui les avaient mis là, et dans quel but ?

* Pfff.. Comme si tu allais recevoir les réponses dans un papier cadeau. *

Des questions me traversèrent l'esprit, des hypothèses plus ou moins farfelues fusaient sans gêne dans ma tête, comme si la porte était ouverte en grand.
Je ramassai les derniers boûts de verre et je pris le cadre et la photo au passage.
Je repartis dans le couloir, à la recherche de Mme la Directrice.


" Le Secret de Crikley Hall ", James Herbert.